Laurentin traverse l’Atlantique et devient entrepreneur du jeu

A l’image de sa génération Laurentin, 28 ans, veut monter un projet qui a du sens. Un projet qui aura un impact positif sur l’être humain. C’est en changeant ses propres habitudes, en fréquentant un bar ludique, qu’il a fini par trouver ce qu’il cherchait tant.

L’idée était sous son nez…

Montréal c’est sa ville de cœur. Laurentin y vivait depuis quelques années, et « rien ne pouvait me faire quitter Montréal, à part un projet ». Depuis longtemps Laurentin avait le désir de créer sa boîte, mais « je me cassais les dents ». Un projet, un deuxième, puis un troisième, jusqu’à six projets qu’il zappe tous.
«Dès le premier défi je repartais sur une autre idée qui me semblait plus simple, car je n’étais pas assez passionné. Quelque chose manquait. Je voyais dans chacun d’eux des finalités financières mais pas de sens véritable qui me passionne ».
Un soir de 2013, à court d’idées, mais toujours motivé, il se rappelle qu’un prof lui avait appris à « brainstormer » avec un jeu de société.

Changer ses habitudes

Laurentin se met à la quête de ce jeu. C’est ainsi qu’il découvre les bars ludiques. Mais les jeux de société, ce n’est pas son truc. « Je n’avais pas une image hyper sexy du jeu. Je les associais à des après-midis pluvieux ou de grands-mères».
Au nom de la curiosité, il pousse la porte et change ses habitudes de soirée. Il ne trouve pas le jeu en question, mais ce soir-là il découvre un univers, et se prend justement aux jeux. Il ne voit pas le temps passer. Surpris de cette découverte, Laurentin avoue : « Ce soir-là j’me suis pris une petite claque ! Je partais avec des a priori et ça bouleversait mes habitudes de sortie.»
Tellement conquis, trois jours plus tard il y retourne, et enchaîne les soirées jeux. A chaque fois la salle de 200 personnes est pleine. Frappé par ce succès, il s’intéresse au concept du bar ludique déjà bien implanté en Amérique du Nord et au Canada.

Oser demander

barludiqueL’idée est semée. Et pour une fois, il s’est même dit que ça serait facile à lancer.
Sauf que Laurentin est ingénieur, et il n’a jamais travaillé dans un bar. Créer un bar ludique c’est explorer une autre planète ; celle de la restauration. « Je voulais parler à quelqu’un qui connaissait le domaine ».
Et il a eu de « la luck » comme ils disent de l’autre côté de l’océan. La chance lui a souri. Alors qu’il n’ouvrait jamais le journal papier, ce jour-là il tombe sur un article qui fait «tilt». Il découvre le portrait de Paul Holder entrepreneur montréalais renommé dans le milieu de la restauration. Il y voit un clin d’œil. Il prend son téléphone, le contacte, ils se rencontrent, Laurentin sort sa petite liste de questions «combien de serveurs pour telle surface ? », « je buvais ses paroles ».
Au bout d’une heure Paul dit: « j’adore ton énergie, t’es pas mal culotté d’être venu me voir, malheureusement je n’ai plus le temps et il te reste plein de questions, reviens mardi prochain ». S’installe alors un rituel du mardi matin entre les deux hommes. Entre deux gorgées de café, Laurentin questionne, et Paul conseille.
Pris au jeu, Paul décide alors de soutenir le projet, il devient son investisseur avec son frère Richard.
L’aventure se concrétise. Ensemble ils vont ouvrir un bar ludique en France. Comme c’est la première fois en 40 ans de métier que les montréalais investissent dans un projet en dehors de leur fratrie, et en dehors du territoire canadien, Laurentin se sent sacrément privilégié de cette confiance, et soutenu dans ce projet qui prend enfin forme. Il appelle alors son propre frère Timothée qui vit en France. Il fera aussi parti de l’aventure franco-québécoise et familiale ! Timothée se met immédiatement à l’affût d’un lieu. Ça sera Lille, leurs terres natales.

Persévérer


Voilà le leitmotiv de Laurentin. De là commence la valse des rendez-vous, des papiers administratifs, et des nouveaux premiers défis. Alors que sur ses autres derniers projets, Laurentin avait pris l’habitude de passer à une nouvelle idée aux premières galères, cette fois il persévère.
« C’était là le sens que je cherchais. Tous les jours il y avait un évènement qui me montrait que c’était un bon projet ».
Un jour, dans un bar, il observe deux personnes assises face à face, elles sont accrochées à leur téléphone. En les observant il est encore plus motivé pour ce projet, car il espère reconnecter les gens entre eux par le jeu.
Plus Laurentin avance dans les démarches plus il y croit dur comme fer. « Je veux amener du jeu dans la vie des gens. Je suis convaincu que l’être humain est très joueur. Il suffit de regarder un enfant pour s’en rendre compte. Puis en grandissant on perd ça, on a des responsabilités, des soucis, bref des excuses. »

Espérer

Plus d’excuses pour jouer puisque les travaux sont lancés, et les portes du bar ludique francoquébécois vont bientôt ouvrir. Dans les jours difficiles de l’aventure entrepreneuriale, il aime à se répéter : « la vie est un jeu, l’argent c’est juste des pions dans le jeu ».
Aujourd’hui, Laurentin et Timothée suivent attentivement les derniers aménagements du lieu dessiné par un autre montréalais ; un lieu qui, ils espèrent changera la manière de se divertir.
Sensible à la solitude d’une génération pourtant ultra-connectée, Laurentin fait d’ailleurs le vœu suivant : «être le premier bar qui offre la possibilité à quelqu’un de venir seul », sans pour autant jouer seul. Car ils ont imaginé des tables « ouvertes » pour permettre aux gens de se rencontrer. En attendant le jour J, Laurentin et Timothée passent des soirées chez Sébastien, un passionné de jeux de société et futur sommelier du bar ludique. Ensemble ils testent de nouveaux jeux à conseiller aux futurs clients.

Etre patient

Pour un frileux des jeux au départ, Laurentin s’est définitivement pris aux jeux ! De société, mais aussi au jeu de l’aventure d’entrepreneur. Lui qui cherchait la bonne idée, c’est avec une bonne dose de persévérance, de curiosité, et de confiance, que bientôt il va voir se concrétiser ce projet au cœur québécois sur ses terres natales. Un premier projet, qui en amènera peut-être d’autres.
Rue princesse dans le Vieux-Lille, le royaume des 1001 jeux ouvrira ses portes le 15 octobre prochain. En attendant, Laurentin et Timothée tissent leur toile via Facebook et Instagram. C’est la promesse de bonheur en barre…ludique !
« Vous prendrez bien un jeu de société ? ».
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agnes-vanhems-1Agnès Vanhems, le 23.09.2016
Journaliste-auteur pour L’Optimisme. Munie d’un radar pour déceler le positif, ma mission est de valoriser l’être humain. Par des portraits et analyses, j’aborde des sujets bien-être (à la maison, au travail et dans l’assiette), je repère les professionnels du bonheur, et vous lance des challenges inspirés par la vie de personnalités pour être acteur dans le monde.

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