Chief Happiness Officer : interview de Nathalie Forestier

Chief Happiness Officer, ce mot vous dit quelque chose ? Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce terme, comprenez « responsable du bonheur en entreprise ». Rencontre de Nathalie Forestier, CHO d’Allo-Resto.
On voit de plus en plus de Chief Happiness Officers au sein des entreprises, tant dans de grands groupes que dans de jeunes startups ou PME… Sauriez-vous nous expliquer pourquoi ?
Il y a actuellement une prise de conscience pour certaines entreprises de mettre l’humain à nouveau au centre de leurs préoccupations. L’influence de la génération Y n’y est peut-être pas étrangère. Les talents de cette génération veulent être reconnus, que leur mission ait un sens et que l’entreprise leur accorde sa confiance.
Il y a également un intérêt grandissant pour le métier de CHO. Faisons en sorte que ce métier se développe sous deux aspects : la prise en compte le bien-être des salariés et la mise en place de pratiques managériales innovantes, qui favorisent l’épanouissement du salarié. La convivialité et l’entente au sein d’une équipe seront facilitées si le collaborateur est épanoui dans sa mission.
Travail et bonheur : selon vous, ces deux mots sont-ils destinés à être éternellement déconnectés ?
Malheureusement, les deux mots « travail » et « bonheur » semblent difficilement compatibles pour un nombre important de personnes. Les sujets récurrents relatifs au monde du travail sont le burn-out et le bore-out. Il ne faut bien sûr pas nier le mal-être au travail qui existe dans de nombreuses entreprises, mais il est temps d’agir à titre préventif et curatif.
Et si nous parlions de nos conditions de travail avec optimisme ? De nouvelles pratiques managériales faisant la part belle à l’expression et l’épanouissement du collaborateur semblent se dessiner alors profitons-en.
Il est d’ailleurs surprenant de devoir défendre et justifier le bonheur au travail alors que cela devrait être la norme.


Vous êtes rattachée directement au PDG d’Allo Resto. Comment se fait l’articulation entre votre métier et celui des RH ou des managers ?
Nous sommes en relation étroite avec la personne chargée des RH chez ALLO RESTO. Kevin s’occupe des formations et du recrutement. Nous nous chargeons ensemble de l’intégration et de l’accueil des nouveaux collaborateurs. Dans le cadre de ma mission, je suis en relation constante avec les managers afin de prendre notamment la température de l’équipe 😉
Quel est l’intitulé de votre fiche de poste et quels sont les retours attendus par votre direction ?
Le titre de Chief Happiness Officer ou Responsable du Bonheur en français, figure sur mon contrat de travail.
Deux missions principales définissent mon poste :

  • Une mission de communication interne d’une part et d’autre part l’organisation des événements en interne afin de favoriser la cohésion et le bien-être des collaborateurs.
  • La Direction attend de moi principalement qu’ALLO RESTO soit une entreprise où il fait bon travailler. Cela se traduit par un équilibre entre l’épanouissement du salarié dans le cadre de sa mission et la convivialité au sein de l’équipe.

Définissez-vous des KPI ?
Plusieurs indicateurs peuvent servir « d’indicateurs du bonheur » :

  • L’enquête annuelle de satisfaction
  • L’enquête après chaque séminaire (2 fois par an)
  • La croissance (à 2 chiffres)
  • Le turn over et l’absentéisme

La mesure du bonheur peut-elle passer par de simples questionnaires adressés aux salariés ? Sinon comment mesurez-vous l’effet de vos actions ? Quels outils vous semblent pertinents ?
Les questionnaires peuvent en effet mesurer le bonheur mais pas seulement. Encore faut-il que les questionnaires soient suivis d’actions.
Chez ALLO RESTO, nous avons la chance d’être encore une équipe à échelle humaine (70 collaborateurs), ce qui favorise le contact direct ainsi que les entretiens formels ou informels avec chaque collaborateur. Nous privilégions le dialogue et l’écoute.
Je ne suis pas la seule à mesurer le bonheur. Il appartient également aux Directeurs et aux Managers de prendre le pouls de la société notamment au travers d’entretiens réguliers – individuels et collectifs – avec leur équipe.
L’information est à double sens. En cas de problème, je suis à la disposition des Managers et des collaborateurs. A l’inverse, si une problématique survient, je me rapproche des personnes concernées – peu importe leur niveau hiérarchique.
Par ailleurs, le taux de participation à chaque événement est important, ce qui traduit l’engagement des collaborateurs.
Selon certaines études, un salarié plus heureux serait plus productif, moins absent, plus engagé, plus fidèle. Avez-vous assez de recul pour le constater ?
C’est pour moi une évidence ! De nombreuses études le démontrent et je le constate.
Une personne sous pression sera peut-être productive mais pour combien de temps ?
Nous passons autant de temps voire plus de temps au travail qu’avec notre famille et nos amis. Alors faisons en sorte que notre travail soit effectué dans de bonnes conditions et soit une source d’épanouissement et de joie.
L’entreprise a une part de responsabilité dans cette mission mais il ne faut pas oublier que le salarié est lui-même responsable de son bonheur et qu’il participe activement à son épanouissement.


Certains employés sont-ils hermétiques à votre démarche ? Créer une société où il fait bon vivre ne commencerait-il pas dès le recrutement d’employés optimistes ?
Je suis heureuse que le sujet du bonheur au travail soit de nouveau évoqué même si cela devrait être la norme. De nombreuses personnes évoluent actuellement dans le monde du travail sans jamais songer associer ces 2 mots : bonheur et travail. Il y a toujours, dans chaque entreprise, des salariés plus ou moins convaincus par cette démarche positive.
En ce qui me concerne et c’est la grande majorité, les collaborateurs veulent donner du sens à leur mission et travailler dans une ambiance détendue et conviviale. C’est, je pense, ce que nous apportent aujourd’hui la génération Y et Z. Alors oui, pour être une société où il fait bon travailler, il ne faut pas faire d’erreur de casting. Il faut recruter des employés en accord avec les valeurs de la société. L’optimisme est donc une qualité très importante chez un futur collaborateur.
Voyez-vous une corrélation entre votre vie perso et votre métier ? Déployez-vous dans l’entreprise ce que vous testez du point de vue personnel ? (Ex : yoga ou autres activités)
Mon comportement est similaire dans ma vie perso et dans ma vie pro.
En règle général être CHO c’est aimer faire plaisir aux autres. Dés lors que j’essaie une nouvelle activité à titre personnel, je me dis toujours « tiens, ça pourrait être sympa ça pour la boîte ». Bien sûr, je suis toujours à l’écoute des collaborateurs et les incite à proposer des activités, des lieux.
Les 3 questions au CHO :
La citation qui vous drive dans votre mission ?

Des conseils lecture à ceux qui souhaiteraient explorer davantage la thématique ?
Je pense qu’il y a plein d’idées à puiser dans le concept de l’entreprise libérée et dans le parcours des entrepreneurs :

Une conférence TED à conseiller ?
Je suis fan des interventions de Vishen Lakhiani (fondateur de MindValley). J’aime son histoire, sa vision, je le trouve très inspirant.
Voici l’une de ses conférences : World’s Greatest Workplace: Vishen Lakhiani at TEDxAjman

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Nous avons fondé le premier club des Chief Happiness Officers : un réseau rassemblant l’ensemble des acteurs du bonheur en entreprise, se réunissant une fois par mois.

Pour plus d’informations : www.clubcho.com

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