Ecole de production de Quiévrechain : le faire et la confiance comme leviers d’apprentissage pour les jeunes en décrochage

Ecole de Quievrechain

Il est des écoles qui méritent d’être connues. Joëlle Houdart, directrice de l’école de production de Quiévrechain, a bien voulu nous en dire plus sur ce lieu de formation particulier qui accueille des jeunes, sortis de l’éducation « classique ». Une école qui base sa pédagogie sur le faire et la confiance. Rencontre.

Bonjour Joëlle. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Au départ, j’étais ambulancière. Malheureusement, j’ai été malade, j’ai dû faire une reconversion. J’ai toujours été attirée par le milieu du social, de l’accompagnement et de l’aide aux personnes. A 49 ans, j’ai repris mes études. Quand j’en ai eu besoin, j’ai reçu de l’aide et je souhaitais à mon tour apporter mon aide aux autres.

J’ai travaillé dans un centre de formation. J’ai accompagné les détenus en fin de peine à se réinsérer dans la vie professionnelle. Mon poste a été supprimé et Cap Emploi m’a contactée pour travailler dans une école de production. J’ai été saisie par ce concept que je ne connaissais pas du tout. J’ai été embauchée en tant qu’accompagnante sociale des jeunes puis en 2017, le directeur m’a demandé de reprendre la relève.

Quel est le public accueilli par l’école de production de Quiévrechain ?

Ce sont des jeunes qui sont en décrochage scolaire, qui n’ont pas trouvé leur voie dans le système traditionnel et qui sont laissés pour compte. En général, ils ont déjà rencontré pas mal de problèmes dans leur vie. Certains d’entre eux sont pris par la justice. A force d’avoir entendu qu’ils étaient bon à rien, ils ont fini par le croire et ont perdu toute confiance en eux.

Justement, la confiance est un des piliers de votre école. Quels sont les fondements de votre pédagogie ?

L’école de production est une école-entreprise qui a pour originalité que les jeunes apprennent leur métier en réalisant de vraies commandes qui sont passées par de vrais clients aux conditions réelles du marché. Tout ce qu’ils font c’est du concret. Il n’y a pas de « pièces poubelles ». Nous valorisons le faire pour apprendre. Les jeunes nous surprennent car ils sont ainsi amenés à chercher toutes les capacités qu’ils n’ont pas conscience d’avoir. On les conduit petit à petit vers un CAP menuiserie construction de bois.

Vous vous adaptez également au cas par cas ?

Absolument ! Une de nos spécificités est que nous travaillons en petits groupes. Nous nous adaptons à la problématique du jeune. Si on a des jeunes qui sont dyslexiques, les bénévoles préparent des cours adaptés. Egalement, nous nous appuyons sur la méthode Montessori qui facilité l’apprentissage.

Comment travaillez-vous la confiance des jeunes au sein de l’école ?

Une éducatrice spécialisée travaille avec eux autour de l’art thérapie pour que les jeunes puissent se dévoiler par le dessin ou par l’écrit. En parallèle, elle organise aussi des cours de théâtre pour l’estime d’eux-mêmes qu’ils ont perdu. Beaucoup sont refermés et n’osent pas parler. On met en place une réflexion avec une conseillère d’insertion professionnelle sur leurs objectifs professionnels. Il y a des cours individualisés pour toutes les matières de base dans lesquelles ils ont des lacunes. Aussi, ils découvrent la réalité du monde de l’entreprise en faisant un stage de 15 jours à l’extérieur. On est dans la bienveillance mais aussi l’exigence.

Quel est le taux d’embauche à la sortie de votre école ?

Le taux d’emploi des jeunes à la sortie des écoles de production est de 90%. Nos jeunes apprennent à être opérationnels sur toutes les machines. Les chefs d’entreprise viennent les recruter directement chez nous.

Par quels biais les jeunes entendent-ils parler de votre école de production ?

Nous sommes en très bonne collaboration avec les collèges et les lycées qui ont compris qu’on n’était pas en compétition mais en complémentarité. On travaille aussi avec les missions locales et les associations de la Région. Pour faire connaître l’école, on assiste à des salons de métiers.

Pouvez-vous nous raconter l’une de vos plus belles réussites ?

En 2014, nous avons accueilli une jeune fille de 17 ans qui, après l’obtention de son CAP dans notre école, nous a fait une lettre de motivation. Nous l’avons intégrée dans notre équipe. En septembre 2019, elle a signé son CDI avec nous. Aujourd’hui, elle souhaite se former pour devenir elle-même formatrice au sein de notre école.

Qu’est-ce que votre rôle de directrice vous apporte au quotidien ?

Chaque jour que je vis ici, c’est une richesse ! Grâce aux jeunes, on apprend beaucoup l’humilité. On les accueille à partir de 15 ans et vous pouvez me croire, ils ont un sac à dos bien plein. Le plus gratifiant est de les voir sortir de l’école la tête haute.

Souhaitez-vous transmettre une phrase positive à tous ces jeunes et à nos lecteurs ?

Ne jamais baisser les bras dans la vie. Il faut toujours regarder droit devant soi et pas derrière. Il n’y a que comme ça qu’on peut réussir.

L’école de production de Quiévrechain est soutenu par des mécènes. Si vous souhaitez soutenir l’école, nous vous invitons à contacter directement Joëlle Houdart. Le site de l’école: ici.

Logo Facebook

Propos recueillis par Eva Mazur

Pour d’autres initiatives positives dans la Région Hauts-de-France, nous vous invitons à lire l’interview d’Antoine Macret.

Commentaires

Laisser un commentaire

One Ping

  1. Pingback:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Loading…

0
Dominique Dejardin

Dominique Dejardin, conseillère en Fleurs de Bach : "De la bienveillance au service de votre bien-être"

professeur en zep

Témoignage d’un professeur en REP+